Dieu n'est pas mon nom+
Volontairement ce qui suit a été vulgarisé pour permettre la compréhension du commun des chrétiens et non juste celle d’une classe d’érudits.
Si l’on remonte des siècles en arrière, une superstition juive non-biblique a amené les juifs à ne plus prononcer le nom de Dieu. Aujourd’hui, je remarque que de plus en plus de gens écrivent le titre D.ieu ainsi, en séparant le d majuscule des autres lettres (il existe d’autres déclinaisons comme D-ieu, ou D’ieu ou D. et sûrement d’autres qui m’ont échappées) montrant ainsi une ressemblance avec ces pratiques judaïques.
Au début, j’ai souri, j’ai trouvé ça folklorique. Cela allait bien avec la recrudescence des mots à consonance hébraïque que l’on trouve sur beaucoup de sites chrétiens (à tort ou à raison, mais c’est un autre débat). Je pensais innocemment que c’était juste pour marquer ses orientations théologiques. Mais avec l’ampleur j’ai réfléchi et j’ai vu l’absurdité d’une telle pratique.
Dieu est un mot et non un nom propre! Le mot Dieu n’a rien à voir avec le nom de Dieu. Même en hébreu le mot Dieu (Elohim) est différent de son nom que l’on appelle Tétragramme (YHWH). Le mot Elohim est utilisé pour aussi désigner des divinités étrangères.
Bref, si vous voulez quand même sacraliser le nom « Dieu » ou en faire un nom propre, rappelez-vous juste de son étymologie. Dieu vient du latin deus qui vient lui-même du grec zeus (qui lui est un nom propre!) et je ne pense pas que c’était votre intention de sacraliser Zeus.
Concernant le mot « Dieu », le respect dû à Celui qu’il désigne est suffisamment marqué en français par la majuscule, point besoin d’y rajouter un point pout être au point.

Cette coutume juive de ne pas prononcer ou écrire son Nom était une déviation du commandement de Dieu. En effet, selon Exode.20:7  le commandement  de Dieu est:
Tu ne prendras pas le nom de Dieu en vain.
et non:
Tu ne prendras pas le nom de Dieu. (Remarquez qu’il y a encore ici un problème de point, en effet le commandement ne s’arrête pas là).
De la notion de prendre, la compréhension a glissé sur la notion de prononcer. Du coup pour être sûr de ne pas le prononcer en vain, on ne le prononce plus du tout. Le problème c’est qu’avec la lecture, son nom revient assez régulièrement, donc nouvelle déviation (d’autres appelleront ça précaution) on met un nom de substitution ce qui permettra durant la lecture de ne pas prononcer son nom. Cette pratique est plus issue de la tradition, de la coutume voir de la superstition que des prescriptions de Dieu.
Plusieurs siècles plus tard (en 1270), un moine dominicain espagnol pris les consonnes du Tétragramme et les voyelles du nom de substitution et ça a donné le nom Jéhovah, choix assez fantaisiste même si le résultat peut peut-être se rapprocher phonétiquement de la vérité (mais nous n’avons aucune certitude). Avec ce nouveau nom « sorti du chapeau », d’autres débats seront déclenchés sur le Nom de Dieu. Ces  débats ne sont pas le thème de ce billet.
Heureusement que c’était de l’hébreu et non du français et que le tétragramme équivalait à YHWH  et non a BNNS avec un nom de substitution « Lazare », je vous laisse imaginer les dégâts) 

Revenons à notre sujet. Certains traitent le mot « Dieu » au travers du filtre du commandement concernant son nom en y mixant la déviation judaïque. Là où cela devient ridicule c’est que Dieu n’est précisément pas le nom de Dieu. Il est donc permis de l’écrire, de le prononcer…
Les adeptes du « D.ieu », doivent sûrement croire que Dieu est son Nom et ne veulent pas le prononcer en vain (déjà, comme dit précédemment, il y a une altération du commandement). Pour eux j’ai une question.
Vous l’écrivez comme ça, soit! Mais vous le prononcez comment ?
Ne me faites pas croire que mentalement ou oralement vous lisez phonétiquement parlant « Dé point hieu » ou « Dé tiret hieu » ou « dé point ». Donc quelle différence ?
Linguistiquement parlant, « D.ieu » est une faute.
En français, un point sert à terminer une phrase et est suivi d’un espace puis d’une majuscule.
Si le point signale une abréviation que veut dire le « D »? et que veut dire « ieu »?
On pourrait parler aussi du trait d’union, de l’apostrophe mais bon, je ne veux pas transformer ce billet en cours de français, je ne suis pas Maître Capello.
Tout ça pour dire: Si la motivation était de se sentir plus proche de la vérité c’est juste une séduction.
Chercher à mieux comprendre le contexte culturel juif de la Bible pour mieux comprendre les textes je dis un grand OUI. Imiter les erreurs du judaïsme là c’est un grand NON.
On peut plonger dans l’Hébreux sans pour autant y perdre son latin.
Allez un peu d’humour pour un sujet si sérieux: Pendant qu’on y est, pour les matheux pourquoi ne pas penser Dieu = Deux +i –x

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